Ciel de poivre

Dans un marais d’épouvante où rôdent les spectres de présences surnaturelles, une femme, Tanger, mal aimée et mal oubliée, est partie seule, en quête de mort... Deux hommes la recherchent : un vieux Noir, sale, rongé par la lèpre, somnolent et moralisateur, moitié sorcier, moitié philosophe, mais d’une sereine humanité ; un Blanc, Maine, l’homme blanc-type, le Maître, mélange de volonté, de puissance exacerbée et de sentimentalité refoulée. Et l’aventure s’élance, court, rebondit sans cesse et se dramatise au rythme même de la progression le long des canaux pestilentiels où s’appesantit le silence, glissent les serpents d’eau, s’enchevêtrent les herbes et les fleurs vénéneuses, l’aventure haletante de la recherche de la femme, bien sûr, mais surtout l’aventure de l’amitié qui va naître entre l’homme blanc et l’homme noir. Dès lors, qu’importe que Tanger ait été la maîtresse de Maine, qu’elle porte un enfant de lui ? Qu’importe même la vengeance de son mari bafoué, ou la présence menaçante dans le marais de cet homme roux, dont la légende imprécise, mais terrifiante, hante l’imagination des Noirs ? Qu’importe, à la limite, que Tanger soit retrouvée ou non ? Tout cela n’est que prétexte, l’essentiel était cette recherche gratuite de l’aventure où l’humain niche, au creux du danger, dans l’attente de ceux qui oseront venir le conquérir.