La Vénus d'Ille

« C'était bien une Vénus, et d'une merveilleuse beauté. Elle avait le haut du corps nu, comme les anciens représentaient d'ordinaire les grandes divinités. Rien de plus suave, de plus voluptueux que ses contours ; rien de plus élégant et de plus noble que sa draperie. Dédain, ironie, cruauté, se lisaient sur son visage.
- Si le modèle a jamais existé, dis-je à M. de Peyrehorade, que je plains ses amants ! Elle a dû se complaire à les faire mourir de désespoir. Il y a dans son expression quelque chose de féroce, et pourtant je n'ai jamais vu rien de si beau! »

Ce vieux fou de Peyrehorade s'est amusé à déterrer une statue de Vénus dont l'aura mystérieuse et la beauté froide semblent pétrifier tous les habitants d'Ille. Dans l'inscription gravée sur son socle « Cave amantem » on lit comme un avertissement. Alors, quand Alphonse, incrédule et flegmatique, cède brutalement à la superstition générale, le village finit de plonger dans la terreur. Empruntant au merveilleux des légendes médiévales, Mérimée innove en suggérant le surnaturel à partir d'une structure d'un réalisme indémontable.

« L'histoire avance au rythme de la voix du comédien Gérard Goutel, posée, précise, nuancée, alerte... Son art lui permet de jouer tous les rôles de la « pièce » alors que l'intrigue se développe. » (La Nouvelle République du Centre-Ouest)