Des erreurs populaires en médecine

« Cet opuscule n’a qu’un but, celui d’être de quelque utilité pratique ; si ce but n’est pas atteint, au moins ce travail n’aura-t-il été inspiré que par le désir le plus pur et le plus patriotique d’y parvenir.
L’auteur sollicite par avance l’indulgence de ses confrères, pour cet essai qu’il leur dédie, avant de l’offrir au public. Il croit pouvoir compter sur leur sympathie. Qu’ils n’épuisent pas toute leur indulgence pour le fond, afin qu’il leur en reste pour la forme, ils savent combien l’exercice pratique laisse peu de liberté au publiciste.
La médecine rurale est une des plus rudes professions libérales qui existe. Le médecin de campagne n’a de libre que de bien courts instants : lié de jour et de nuit à un travail des plus incidentés, il ne peut compter ni prévoir les heures d’isolement favorables aux occupations de cabinet. A la fatigue morale que font naître les nombreuses préoccupations de la clientèle, vient se joindre la lassitude physique. On passe une partie de sa vie à cheval ou en voiture ; souvent, en rentrant, on se sent vaincu, accablé par la chaleur dans l’été, transi de froid en hiver.
A ce métier, comme nous disons quelquefois dans nos moments de mauvaise humeur, la pensée s’alourdit et la plume se rouille ; trop isolé, privé des frottements scientifiques indispensables au bon entretien de surfaces que le repos trop prolongé recouvre de fâcheuses aspérités, si le style ou la dialectique laissent des traces trop apparentes d’incorrection, on a peut-être quelques droits au bénéfice des circonstances atténuantes. »

Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.