1922, une année avec (puis sans) Marcel Proust

Au moment où Marcel Proust disparaît (après une pleine année en sa compagnie et en celle de ses commentateurs les plus immédiats, il est presque permis de s’en croire le contemporain et l’erreur devient banale d’écrire « 1922 » au lieu de « 2022 »), ce livre fait le point sur une année marquée non seulement par sa mort mais aussi par de nombreuses publications.

Découpée selon une chronologie mensuelle, la matière retenue a été, à l’intérieur de chaque mois, répartie en trois catégories.

Les faits, succincts, sont rappelés par de brèves anecdotes à travers lesquelles se redessine une période à la fois pénible, côté santé, et riche de projets en voie d’achèvement.

Les textes sont puisés à diverses sources. La correspondance reste, malgré les réticences que Marcel Proust exprimait à la faire connaître, un terreau fertile. Elle est, le plus souvent, par respect pour le travail de Philip Kolb, son principal éditeur (autant que par obligation), citée sous forme de courts extraits. Exceptionnellement, certaines lettres publiées plus tôt sont plus largement utilisées. Les interventions de Marcel Proust dans la presse, généralement sollicitées en réponse à des enquêtes, sont précieuses. Et, surtout, les extraits de son œuvre, en prépublication ou sous forme d’anthologie comme celle que publie, sur plus de deux grandes pages, le supplément littéraire du Figaro en peu après sa mort, offrent un accès immédiat à quelques morceaux de choix. Une remarque à ce propos : pour comprendre les réticences de Paul Souday exprimées le 12 mai dans son article du Temps, il fallait bien donner les extraits de Sodome et Gomorrhe II tels qu’il les a lus, et non selon les éditions postérieures, abondamment et à juste titre revues. Voilà pourquoi les puristes sursauteront peut-être, cent ans après Paul Souday, devant les « fautes et négligences » (pour reprendre les mots du critique) présentes dans la version que nous avons choisie. Elles sont pourtant d’origine contrôlée...

Enfin, les commentaires disent bien la place de plus en plus importante qu’occupait Marcel Proust dans l’esprit de ses lecteurs les plus affûtés. Certes, on rencontrera ici ou là des traits d’ironie qui disent aussi l’esprit du temps mais, dans l’ensemble, éloges et études approfondies constituent la plus grande partie de cette rubrique.