On a tué le juge Robinson

R. L. Goldman (1895-1950)

"– Avez-vous déjà roulé vite en auto ? demandai-je à Ellen.

Nous quittions l’allée sablée du Country Club pour prendre la route 49.

– J’ai fait du cent vingt, dit-elle.

– Ce n’est rien. Surveillez l’indicateur de vitesse ; vous me préviendrez lorsqu’il marquera cent cinquante.

– Vous allez nous tuer, dit-elle, très calme.

– Peut-être ; si un pneu éclatait !

Sur un parcours d’une dizaine de milles, la route 49 traversait en ligne droite la plaine déserte. La nuit d’août était à la fois obscure et lumineuse. Sous la nappe jaunâtre des phares, le macadam luisait. Ma nouvelle voiture était longue, lourde, basse ; le pare-brise était construit en forme de proue.

J’appuyai doucement sur l’accélérateur. Par degrés, la vitesse augmentait. J’entendais, au-dessus du sifflement du vent et du ronflement du moteur, Ellen qui annonçait... « Cent vingt... Cent trente... Cent quarante... » Après avoir tenu cette vitesse pendant une minute j’appuyai à fond sur l’accélérateur.

La voix égale d’Ellen annonça : « Cent cinquante-cinq. »

Le juge Robinson a été assassiné... A qui profite le crime ? un évangéliste ? un fou évadé ? ou quelqu'un d'autre ? Parallèlement à la police, Jerry Spence, propriétaire du journal la "Gazette", enquête...