Chantier Schéhérazade

Les 1001 Nuits, version provençale et musicale.
Pour égayer leur chantier de restauration de maison dans l’arrière-pays toulonnais, un groupe d’hétéroclites du bâtiment décide de se raconter des histoires, du genre: «Et si les Beatles s’étaient formés à La Crau (Var)?», «Et si Johnny Hallyday avait été le sujet d’une tragédie grecque?» «Et si...»
Extrait:
La rue des Escudiers s’élargit en placette avant de devenir, passé une fontaine, une pente de terre aux cailloux facétieux.
John, Paul et George laissèrent derrière eux un figuier échevelé, au moins centenaire et demi, qui faisait une couverture à des clapiers pleins de lapines grosses.
Ils s’engagèrent dans un passage étroit entre deux hautes façades de pierre nue.
«Je me demande si le soleil vient jamais par ici, dit George.
– Tu devrais noter ça, conseilla John. Ça peut faire un départ de chanson.»
Dans le gros bois de la dernière porte, une plaquette de balsa était clouée; ornée des mots La Grotte par un as de la pyrogravure.
Paul frappa à gros poing.
«Salut les gars», dit Richard, à peu près aussi ému que s’il venait de leur ouvrir la porte de chez lui, là-haut, à Liverpool.
Les trois le suivirent dans une pièce basse, sans fenêtre, et plutôt fraîche.
«Mais c’est une cave, dit John.
– Mieux que ça, promit Richard. Laisse à tes yeux le temps de s’habituer, et tu verras qu’au fond il n’y a pas de cloison, mais une vraie grotte. [...]
– Autant te le dire sans attendre plus longtemps, tu fais désormais officiellement partie des Beatles.
– Ah! bon, dit Richard, vous avez piqué le nom d’un groupe qui existe déjà?
– Ils se sont séparés, et notre nom s’écrit à une lettre près… Mais, c’est une longue histoire. Si tu veux bien, nous la garderons pour le voyage retour.»