Clara bonne à tout faire

Clara Delange, 19 ans, s’est enfuie de chez ses parents qui voulaient la séquestrer dans un triste trou de province. Elle se retrouve à Paris sans un sou, mais avec un gros paquet d’illusions. Et voilà que, pour ne rien arranger, notre ingénue a été dotée par la nature d’une beauté à couper le souffle, à faire se retourner les têtes, faire gonfler les braguettes, et même mouiller les culottes féminines.
Or, la beauté est un péché – c’est l’oeuvre du diable –, aussi tout ce qui arrive à notre oie blanche (et Dieu sait qu’elle en avale, des couleuvres, par-devant et par-derrière), c’est de sa faute, non ? Elle n’avait qu’à ne pas être belle à damner un saint ! Et ce qui complique tout, c’est que si notre héroïne affiche un visage d’ange (comme son nom, Delange, l’indique), censé la protéger des assauts libertins des uns et des autres, elle possède aussi un sexe insatiable – sans parler des autres orifices du plaisir, qui, chez notre ingénue libertine, sont tout le temps en manque.
Voilà donc notre personnage – composé démoniaque de Justine des Infortunes de la vertu et de Juliette des Prospérités du vice. Fatalement, elle électrisera tous ceux qu’elle rencontrera. Et en effet, il suffit qu’elle croise quelqu’un pour qu’il ou elle (même un gros chien tombera amoureux d’elle à la fin) n’ait qu’une envie : jouir tout de suite de son corps de rêve.
Au cours de ses tribulations, Clara tombera sous la coupe d’une bande de marginaux vicieux, puis elle sera recueillie par un pervers patenté qui lui amènera des « clients », tous messieurs fortement membrés et fort exigeants en amour… Mais le bouquet, ce sera son travail de bonne à tout faire bénévole au sein d’une grande famille bourgeoise, où tout le monde est maniaque du sexe : le père, la mère, le fils, la fille, la bonne, la cuisinière, le majordome, le chauffeur de maître... N’en jetez plus...
« Tout est bon chez elle, y a rien à jeter. »

Illustré par Jean-Yves Masson