Athénaïs ou Grégoire Ghika, prince et hospodar de la Valachie - Tragédie en quatre actes et en vers

ÉPHIME.

Prince, pardonnez-moi si j’ose demander
Quels soucis importans semblent vous obséder.
Avez-vous des secrets que je ne puisse entendre ?
Quel soin vous trouble enfin ? Désirez-vous étendre
De votre autorité la domination ?

GRÉGOIRE.

Je nourris dans mon cœur une autre ambition.
Amour sans intérêt de toutes mes études,
Secret consolateur de mes inquiétudes,
La sagesse, toujours fruit des réflexions,
Beau chemin qui conduit aux belles actions,
Me tente, me séduit ; c’est elle qui m’inspire
Un dessein qui me rit et que je vais te dire :
Osman de ses sujets fut toujours l’oppresseur ;
Pour m’affranchir du joug du cruel empereur,
L’illustre Romansoff, agent de la Russie,
M’enveloppa des rets de son hypocrisie :
Adroit, plein de souplesse et de dextérité,
Avec moi, pour le rompre, il fit un vain traité ;
Mais, croyant en tirer un très-grand avantage,
De mes principautés je livrai le passage ;
Et Valaque, et Moldave, autour de moi pressés,
Sujets dans tous les temps à me plaire empressés,
Des Russes aguerris virent passer l’armée
Qui sur les bords du Pruth accrut sa renommée.

Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIX^e siècle.