Vers l'harmonie

Le rabbin Élie Munk est né à Paris, le 21 Eloul 5660 (1900), d’une famille de rabbins ; son père, disciple fervent du rabbin S.R. Hirsch, incarnait parfaitement sa devise « Torah ’im dérekh erets », la Torah dans la vie séculière. Il étudie au séminaire rabbinique Hildesheimer de Berlin, où il est investi rabbin en 1925. En 1926, il devient Docteur en philosophie de l’Université de Berlin. Il sera rabbin à Ansbach (Bavière), de 1927 à 1937. À l’âge de 28 ans, il termine son premier ouvrage — Le monde des prières — qui rencontrera un succès immédiat et sera traduit en français, en anglais, et en hébreu. Cette splendide exposition de la prière juive est fondée sur le Pechat, la Halakha et la Kabbala. En plus de l’étude du Tanakh, du Talmud et du Choul’han Aroukh, le rabbin Élie Munk s’était en effet intéressé — dès les années 20 — à la Kabbala, et il devint un maître dans l’étude du Zohar. Il avait coutume de dire que son premier maître dans cette discipline, avait été R. Moché Cordovero. En 1937, il est élu rabbin de la communauté Adath Yereïm de Paris ; c’est là, qu’il donnera toute la mesure de sa personne. Par ses discours, ses écrits, son enseignement, il souligne constamment le double devoir du Juif envers son prochain, et envers Dieu. En 1947, il publie La justice sociale en Israël, magnifique exposé des lois sociales de la Torah. En 1954, paraît son ouvrage : Vers l’harmonie, dont le rabbin Munk dira qu’il est le couronnement de son œuvre, en tant qu’expression de sa philosophie du judaïsme : Dieu, créateur de l’univers, harmonie universelle, et après la rupture causée par le péché originel, retour à cette harmonie par un élan de l’individu et de la société dans l’accomplissement de la volonté divine et du service divin. Mais d’autres « monuments » verront le jour : en 1957, traduction en français du commentaire de Rachi sur le Pentateuque, œuvre du rabbinat français, publiée sous sa direction. En 1969, est publié enfin La voix de la Thora, gigantesque recueil de commentaires en français sur la Torah, puisés dans un extraordinaire éventail d’auteurs rabbiniques, témoins de sa vaste érudition, des plus classiques — tels que Ramban — aux plus modernes — tels que S.R. Hirsch — en passant par la Kabbala, tels que R. Bahya. Cet ouvrage fait les délices des non-initiés, comme des spécialistes, de l’étude biblique et talmudique. Cette vaste production littéraire n’a pas empêché le rabbin Élie Munk de veiller à la bonne marche de sa communauté, et de la communauté juive de France : tout en assurant la surveillance des produits cachères, il a présidé le « Vaad Hache’hita », et les conseils d’administration de l’école Yabné, de la Yechivah d’Aix-les-Bains, du Conseil européen des rabbins orthodoxes, de l’Agoudah de France, etc. Au lendemain de la guerre, en 1945, il a participé activement au sauvetage des rescapés des camps nazis. Toute cette activité avait pour point de départ son foyer, où régnaient — avec la complicité active de son épouse, née Fanny Goldberger, et de leurs sept enfants — bonne humeur, gentillesse et simplicité, vertus auxquelles il a ajouté celle de ohev chalom verodef chalom, propre à son ancêtre Aaron le Cohen, qui « aimait la paix et recherchait la paix ». S’étant retiré à New-York en 1973, il y décéda, à l’âge de 81 ans, le 4 juin 1981 (3 Sivan 5741).